DIRTY POLITICS - Cyril Hanouna et le casino démocratique - La Newsletter hebdo de Philippe Moreau Chevrolet - Numéro #17
dirtypolitics.substack.com
Aller chez Cyril Hanouna, c’est comme aller au casino. Tout le monde joue, mais le seul gagnant, c’est Cyril Hanouna. On croise des dealers avec la banane sur le ventre, des ministres, des bourgeois en quête de sensations, des prostituées et des gigolos. De vieilles idées s’échangent contre des jetons médiatiques flambant neufs. On vous prend comme vous êtes. Parfois, un joueur espère faire sauter la banque. Mais il ne fait que renflouer les caisses. Louis Boyard a permis à TPMP de réaliser une audience "record" de 2,3 millions de téléspectateurs. TPMP est certainement le seul casino au monde à embaucher des croupiers anticapitalistes. De futurs députés LFI font tourner la roue. "Faites vos jeux, rien ne va plus". Sans être trop regardant sur l’origine de leur fiche de paye. Fiche de paye que Cyril Hanouna détaille aujourd'hui à l’antenne, en feuilletonnant, puisque ça fonctionne. C'est cette rémunération - plus de 6 000 euros pour Louis Boyard, soit beaucoup d'argent pour une large majorité du pays - qui permet à l’animateur de plaider la "traîtrise" de son ancien chroniqueur et sa propre sincérité. Au "J'assume" d'Emmanuel Macron, qui le met à l'abri de toute critique, répond le "Je suis comme ça" de Cyril Hanouna, avec le même effet. Insulter un parlementaire n’est plus une faute, mais un excès de tempérament. La meilleure preuve que je suis vrai, fiable et pertinent, nous dit Cyril Hanouna, c’est précisément que je perds le contrôle. Parce que, dans cette perte de contrôle, je suis vrai. Dans cette violence, verbale, réside mon authenticité. Le clivage qu'impose, en permanence, Cyril Hanouna n'est pas entre la gauche et la droite. Ni entre les riches et les pauvres. Mais entre des "traîtres" habiles, dissimulateurs - en l'occurrence, Louis Boyard -, et des êtres "trop" vrais et "trop" humains - Cyril Hanouna et ses chroniqueurs. C'est un ressort qu'on avait exposé avec le dessinateur Morgan Navarro dans le scénario de la BD Le Président. Cette banalisation de la violence des "vrais" gens à l'égard des politique "traîtres" est le vrai problème posé par cette séquence. En particulier dans le contexte d'une victoire, de plus en plus probable, de Marine Le Pen en 2027. Avec sa promesse, devenue implicite, de violence politique, amplifiée par la logique du "winner takes it all" - "le gagnant emporte tout" - propre à l'élection présidentielle française. Quand j’étais enfant, mon père m’avait fait lire et rencontrer un écrivain roumain, un prêtre orthodoxe, célèbre dans son pays, Virgile Georghiu. Peut-être parce que j’ai été en partie élevé par des Pères de Foucault, au milieu du désert algérien, j’ai toujours écouté les religieux. Virgule Georghiu est l'auteur de La 25ème heure. Un récit, en partie autobiographique, d’errance au cœur de l’Europe. L'histoire d'un homme dénoncé comme Juif, alors qu’il ne l’était pas, puis comme nazi, alors qu’il ne l’était pas non plus. Dépossédé de tout, il devient une ombre sur les routes de l'exode. Aux côtés de milliers d'autres réfugiés. La "25ème heure", telle qu'il la décrit, est celle de la disparition de l’humanité, "l'heure où il est trop tard pour être sauvé, trop tard pour mourir, trop tard pour vivre, il est trop tard pour tout". On approche de la 25ème heure de notre démocratie. Cette réflexion était au coeur de l'émission "C médiatique" ce dimanche sur France 5 avec Rachid Arhab, Claire Sécail, Stéphane Encel, Julien Pain et Mélanie Taravant. L'une des solutions pour contrer la dérive actuelle est, à mes yeux, et on a un désaccord de fond là-dessus avec Rachid Arhab, de revenir vers plus de démocratie. De comprendre que les réseaux sociaux sont aussi un lieu de la démocratie française. Un lieu manipulable par des minorités absolument non représentatives - comme par les Zemmouristes pendant l'élection présidentielle de 2022. Un lieu inconfortable pour les élites françaises, sans aucun doute. Un lieu volatile comme beaucoup d'autres lieux de la démocratie... Un lieu critiquable. Mais un lieu incontournable. Et qu'on ne peut pas laisser en friche. Notre travail de démocrates consiste à regarder cette difficulté en face. Pas à la fuir.N'hésitez pas à m'envoyer vos coups de coeur, vos coups de gueule, vos réactions et vos analyses à l'adresse dirtypolitics.hebdo@gmail.com Votre courrier est important ! Bonne semaine à tous !
DIRTY POLITICS - Cyril Hanouna et le casino démocratique - La Newsletter hebdo de Philippe Moreau Chevrolet - Numéro #17
DIRTY POLITICS - Cyril Hanouna et le casino…
DIRTY POLITICS - Cyril Hanouna et le casino démocratique - La Newsletter hebdo de Philippe Moreau Chevrolet - Numéro #17
Aller chez Cyril Hanouna, c’est comme aller au casino. Tout le monde joue, mais le seul gagnant, c’est Cyril Hanouna. On croise des dealers avec la banane sur le ventre, des ministres, des bourgeois en quête de sensations, des prostituées et des gigolos. De vieilles idées s’échangent contre des jetons médiatiques flambant neufs. On vous prend comme vous êtes. Parfois, un joueur espère faire sauter la banque. Mais il ne fait que renflouer les caisses. Louis Boyard a permis à TPMP de réaliser une audience "record" de 2,3 millions de téléspectateurs. TPMP est certainement le seul casino au monde à embaucher des croupiers anticapitalistes. De futurs députés LFI font tourner la roue. "Faites vos jeux, rien ne va plus". Sans être trop regardant sur l’origine de leur fiche de paye. Fiche de paye que Cyril Hanouna détaille aujourd'hui à l’antenne, en feuilletonnant, puisque ça fonctionne. C'est cette rémunération - plus de 6 000 euros pour Louis Boyard, soit beaucoup d'argent pour une large majorité du pays - qui permet à l’animateur de plaider la "traîtrise" de son ancien chroniqueur et sa propre sincérité. Au "J'assume" d'Emmanuel Macron, qui le met à l'abri de toute critique, répond le "Je suis comme ça" de Cyril Hanouna, avec le même effet. Insulter un parlementaire n’est plus une faute, mais un excès de tempérament. La meilleure preuve que je suis vrai, fiable et pertinent, nous dit Cyril Hanouna, c’est précisément que je perds le contrôle. Parce que, dans cette perte de contrôle, je suis vrai. Dans cette violence, verbale, réside mon authenticité. Le clivage qu'impose, en permanence, Cyril Hanouna n'est pas entre la gauche et la droite. Ni entre les riches et les pauvres. Mais entre des "traîtres" habiles, dissimulateurs - en l'occurrence, Louis Boyard -, et des êtres "trop" vrais et "trop" humains - Cyril Hanouna et ses chroniqueurs. C'est un ressort qu'on avait exposé avec le dessinateur Morgan Navarro dans le scénario de la BD Le Président. Cette banalisation de la violence des "vrais" gens à l'égard des politique "traîtres" est le vrai problème posé par cette séquence. En particulier dans le contexte d'une victoire, de plus en plus probable, de Marine Le Pen en 2027. Avec sa promesse, devenue implicite, de violence politique, amplifiée par la logique du "winner takes it all" - "le gagnant emporte tout" - propre à l'élection présidentielle française. Quand j’étais enfant, mon père m’avait fait lire et rencontrer un écrivain roumain, un prêtre orthodoxe, célèbre dans son pays, Virgile Georghiu. Peut-être parce que j’ai été en partie élevé par des Pères de Foucault, au milieu du désert algérien, j’ai toujours écouté les religieux. Virgule Georghiu est l'auteur de La 25ème heure. Un récit, en partie autobiographique, d’errance au cœur de l’Europe. L'histoire d'un homme dénoncé comme Juif, alors qu’il ne l’était pas, puis comme nazi, alors qu’il ne l’était pas non plus. Dépossédé de tout, il devient une ombre sur les routes de l'exode. Aux côtés de milliers d'autres réfugiés. La "25ème heure", telle qu'il la décrit, est celle de la disparition de l’humanité, "l'heure où il est trop tard pour être sauvé, trop tard pour mourir, trop tard pour vivre, il est trop tard pour tout". On approche de la 25ème heure de notre démocratie. Cette réflexion était au coeur de l'émission "C médiatique" ce dimanche sur France 5 avec Rachid Arhab, Claire Sécail, Stéphane Encel, Julien Pain et Mélanie Taravant. L'une des solutions pour contrer la dérive actuelle est, à mes yeux, et on a un désaccord de fond là-dessus avec Rachid Arhab, de revenir vers plus de démocratie. De comprendre que les réseaux sociaux sont aussi un lieu de la démocratie française. Un lieu manipulable par des minorités absolument non représentatives - comme par les Zemmouristes pendant l'élection présidentielle de 2022. Un lieu inconfortable pour les élites françaises, sans aucun doute. Un lieu volatile comme beaucoup d'autres lieux de la démocratie... Un lieu critiquable. Mais un lieu incontournable. Et qu'on ne peut pas laisser en friche. Notre travail de démocrates consiste à regarder cette difficulté en face. Pas à la fuir.N'hésitez pas à m'envoyer vos coups de coeur, vos coups de gueule, vos réactions et vos analyses à l'adresse dirtypolitics.hebdo@gmail.com Votre courrier est important ! Bonne semaine à tous !